A la mi-juillet, je recevais un courrier commercial de l'Observatoire des Parasciences de Marseille. A l'intérieur de l'enveloppe, une lettre de Bertrand Méheust, connu pour faire partie des sceptiques. Il annonce la disponibilité d'un nouvel ouvrage. Toutefois, celui-ci ne se trouvera pas dans les librairies. Il s'agit d'un tirage "confidentiel".
Je ne résiste pas au plaisir de vous soumettre cette lettre de promo. Nous vivons une époque formidable.
Thierry, le 18 juillet 1999
Mézilles, le 5 juillet 1999
Amis lecteurs,
Replaçons-nous une dizaine d'années en arrière. À cette époque, les témoignages s'étaient raréfiés au point que les chercheurs les plus convaincus de l'existence des ovnis commençaient à douter. On se prenait à se demander si l'on n'avait pas rêvé, et l'on assistait à une montée en force des modèles sceptiques. La SOBEPS elle-même, sans doute la mieux structurée des organisations ufologiques européennes, se demandait si elle n'allait pas devoir arrêter la publication de sa revue faute de lecteurs, et une réunion avait même été programmée pour en discuter. C'est dans ce climat désabusé que, soudain, dans la nuit du 29 novembre 1989, il y a tout juste 10 ans, les témoignages se multiplièrent dans l'Est de la Belgique, faisant état d'énormes structures volantes puissamment illuminées, silencieuses, planant au ras du sol, immobiles, ou animées parfois d'un mouvement très lent.
Ce fut le départ de la plus surprenante vague de soucoupes volantes jamais enregistrée. De la plus surprenante, mais aussi de la plus atypique. Jamais, à première vue, dans l'histoire récente des ovnis, on avait fait état de témoignages en si grands nombres, si impressionnants, décrivant des objets si gros, vus de si près, avec des détails de structures si précis. Des témoignages qui semblaient renvoyer, de façon difficilement contournable, à la perception d'objets solides dans le ciel. Mais jamais, par ailleurs, on n'avait vu une vague aussi "propre" . les phénomènes "collatéraux" auxquels les vagues d'ovnis nous ont habitué étaient absents des témoignages. Il n'y avait pas de pannes de voiture, d'atterrissages, avec ou sans humanoïdes, encore moins de contacts ou d'enlèvements... Tout se passait comme si l'on observait, dans le ciel, des objets solides. La mariée, pour tout dire, semblait trop belle.
Pour ce qui me concerne, j'étais à l'époque, depuis 1983, immergé dans le dossier du magnétisme animal, sur lequel je viens de publier deux volumes cette année, et je ne suivais plus guère l'actualité soucoupique, assistant en spectateur à la montée de la vague de scepticisme que j'avais contribuée - parfois involontairement ! - à déclencher par mes études sur la science-fiction et le folklore, études qui avaient contribué à faire entrer un peu de sciences humaines dans le domaine de l'ufologie, et d'ouvrir la voie aux modèles réductionnistes mis au point depuis deux siècles par la pensée occidentale pour absorber le merveilleux. Quand j'ai eu connaissance des premiers témoignages belges, ma première réaction, je dois le dire, a été très sceptique. Tout cela me semblait trop beau pour être vrai. Les phénomènes décrits me paraissaient trop massivement objectifs pour cadrer avec l'idée des soucoupes qui avaient émergé en cette époque de scepticisme montant, et je me suis persuadé qu'on allait bientôt découvrir qu'il s'agissait de prototypes expérimentaux, probablement américains, utilisés en Belgique dans le cadre de manoeuvres de l'OTAN. C'est d'ailleurs, chez les ufologues français, qui n'étaient pas confrontés à la réalité du terrain, l'idée dominante.
Les années ont passé. Pendant deux ans, les témoignages ont continué d'affluer dans l'Est de la Belgique, et la SOBEPS a continué de les accumuler et de les analyser. En 1991 et 1994, elle a publié ses deux livres sur la vague, et j'ai été impressionné par le détail des faits. D'autant plus qu'avec le temps, l'hypothèse américaine avait quelque peu perdu de sa force. On pouvait, à la rigueur, admettre que les Américains aient testé des prototypes pendant quelques nuits à l'insu des autorités belges, mais la persistance de la vague posait problème, et les spécialistes de l'aéronautique s'accordaient sur le point que les phénomènes vus en Belgique, si les témoignages étaient fiables, dépassaient les technologies actuellement concevables. Mais les témoignages étaient-ils fiables ?Et s'ils l'étaient, jusqu'à quel point ? Et s'ils ne l'étaient pas du tout, quels mécanismes psychiques, individuels et collectifs, fallait-il postuler pour en rendre compte ? Je me suis mis à me passionner pour ce dossier, trop négligé, et parfois même, il faut bien le dire, quelque peu snobé par les ufologues français. J'ai essayé de raisonner logiquement et d'examiner la question sous tous les angles Et, sans parvenir à une conclusion définitive, je suis arrivé à la conviction qu'il y avait bien, dans cette vague atypique, un noyau de phénomènes difficiles à réduire - quelle que soit la nature, par ailleurs, de ces phénomènes.
Dix ans s'étant écoulés, on commence à avoir une profondeur historique suffisante pour jauger les thèses qui avaient été suggérées ( ou assenées ) au début de la vague : l'hypothèse américaine, et celle des aérostats télécommandés d'origine privée. lncontestablement, ces thèses avaient subi l'usure du temps. Quant à l'hypothèse socio-psychologique, s'il n'était évidemment pas possible de l'éliminer, elle devenait parfois fort coûteuse. Il y a bien eu entre 1989 et 1992, dans l'Est de la Belgique, un ensemble de phénomènes qui, à mes yeux tout au moins, demeurent encore inexpliqués.
Ce sont ces raisonnements que je vous livre, amis lecteurs, dans un nouvel ouvrage, Ovnis: retour sur l' "anomalie belge ". Je ne prétends pas le moins du monde affirmer une vérité définitive, mon désir est plutôt de vous faire état de ma perplexité devant cette question insaisissable, espérant en retour susciter en vous des interrogations qui contribueront à nourrir un débat, et à faire mûrir la question.
Soucoupiquement vôtre,
Bertrand Méheust.
Si vous désirez vous procurer ce livre, vous pouvez demander des infos supplémentaires en écrivant à anomalies@gulliver.fr
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